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Izazen
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Nuit de printemps Le ciel est pur, la lune est sans nuage : Déjà la nuit au calice des fleurs Verse la perle et l'ambre de ses pleurs ; Aucun zéphyr n'agite le feuillage. Sous un berceau, tranquillement assis, Où le lilas flotte et pend sur ma tête, Je sens couler mes pensées rafraîchis Dans les parfums que la nature apprête. Des bois dont l'ombre, en ces prés blanchissants, Avec lenteur se dessine et repose, Deux rossignols, jaloux de leurs accents, Vont tour à tour réveiller le printemps Qui sommeillait sous ces touffes de rose. Mélodieux, solitaire Ségrais, Jusqu'à mon coeur vous portez votre paix ! Des prés aussi traversant le silence, J'entends au loin, vers ce riant séjour, La voix du chien qui gronde et veille autour De l'humble toit qu'habite l'innocence. Mais quoi ! déjà, belle nuit, je te perds ! Parmi les cieux à l'aurore entrouverts, Phébé n'a plus que des clartés mourantes, Et le zéphyr, en rasant le verger, De l'orient, avec un bruit léger, Se vient poser sur ces tiges tremblantes. François-René de CHATEAUBRIAND
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Izazen
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L'avril boréal
Est-ce l'avril ? Sur la colline Rossignol une voix câline, De l'aube au soir. Est-ce le chant de la linotte ? Est-ce une flûte ? est-ce la note Du merle noir ?
Malgré la bruine et la grêle, Le virtuose à la voix frêle Chante toujours ; Sur mille tons il recommence La mélancolique romance De ses amours.
Le chanteur, retour des Florides, Du clair azur des ciels torrides Se souvenant, Dans les bras des hêtres en larmes Dis ses regrets et ses alarmes À tout venant.
Surpris dans son vol par la neige, Il redoute encor le cortège Des noirs autans ; Et sa vocalise touchante Soupire et jase, pleure et chante En même temps.
Fuyez, nuages, giboulées, Grêle, brouillards, âpres gelées, Vent boréal ! Fuyez ! La nature t'implore, Tardive et languissante aurore De floréal.
Avec un ciel bleu d'améthyste, Avec le charme vague et triste Des bois déserts, Un rythme nouveau s'harmonise. Doux rossignol, ta plainte exquise Charme les airs !
Parfois, de sa voix la plus claire, L'oiseau, dont le chant s'accélère, Égrène un tril : Dans ce vif éclat d'allégresse, C'est vous qu'il rappelle et qu'il presse, Beaux jours d'avril.
Déjà collines et vallées Ont vu se fondre aux soleillées Neige et glaçons ; Et, quand midi flambe, il s'élève Des senteurs de gomme et de sève Dans les buissons.
Quel souffle a mis ces teintes douces Aux pointes des frileuses pousses ? Quel sylphe peint De ce charmant vert véronèse Les jeunes bourgeons du mélèze Et du sapin ?
Sous les haleines réchauffées Qui nous apportent ces bouffées D'air moite et doux, Il nous semble que tout renaisse. On sent comme un flot de jeunesse Couler en nous.
Tout était mort dans les futaies ; Voici, tout à coup, plein les haies, Plein les sillons, Du soleil, des oiseaux, des brises, Plein le ciel, plein les forêts grises, Plein les vallons.
Ce n'est plus une voix timide Qui prélude dans l'air humide, Sous les taillis ; C'est une aubade universelle ; On dirait que l'azur ruisselle De gazouillis.
Devant ce renouveau des choses, Je rêve des idylles roses ; Je vous revois, Prime saison, belles années, De fleurs de rêve couronnées, Comme autrefois.
Et, tandis que dans les clairières Chuchotent les voix printanières, Et moi j'entends Rossignoler l'âme meurtrie, La tant douce voix attendrie De mes printemps. Auteur: Nérée BEAUCHEMIN
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Izazen
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Vert printanier Les vieux platanes décolorés, le long des routes ou sur les places, étalant une ombre chaude, douce et généreuse. Le jeune acacia des pierres disjointes dans les enclos éboulés. Le pin sur le bleu marin. L’horizon tremblant des colonnes en marche sur les plaines. Le haut cierge planté droit aux portes de la mort, l'if sombre dans la lumière intense. Les allées rêveuses dans l’eau des tilleuls. Chênes massifs, plus vastes que nos maisons quand grincent les charpentes, fleuve immobile en tous ses affluents. Aulnes vernissés, peupliers noirs, saules chatoyants dans le courant frais, le long des eaux sinueuses qui leur arrachent de fugaces reflets.
Et le noisetier des sentiers, le bouleau des clairières, le houx des chemins d’ombres et de murmures, le grand hêtre ajouré, les fourrés, les taillis, les buissons emmêlés, les grands halliers, les bosquets et les forêts, en chevelures bouffantes ou par touffes comme une toison, orées, lisières où hésite la lumière, sombres massifs, clairs domaines, pêle-mêle dévalant les pentes ou fleurissant au hasard de graines minuscules, vous tissez pour la terre, infatigablement, ce fin duvet, cette enveloppe légère, cette écorce d’air qui protège l’intérieur du fruit, dur encore, et seul sur la branche, dans la nuit immense du bois si noir et si froid que fait l’univers. Vert tendre des prairies longues et douces, vert pâle ce matin, ténu, vaporeux, vert d’ombre comme l’eau qui le baigne. Vert feuillu ou herbu, en grappes scintillantes ou en nappes lourdes et molles, vert du grand air, moussant, dru comme laine, charnu ou plus qu'un rêve dans les branches, un murmure odorant sous les vents qui le frôle. Mordant sur la roche, vert des fourrés profonds où serpentent les ruisseaux, des crêtes cinglantes où un souffle vif taille les pelouses, vert comme une verve, sève comme un verbe, comme la vie, comme un rire ou une hymne, entre ciel et terre, de l’ombre à la lumière, une ébullition, un frisson, une abondance, une vague immense qui remonte de la terre - vert comme une éruption, une effusion, un bouillonnement, jusqu’au bleu qui s’en exhale ou comme le fleuve jusqu'à l’océan.
Qu'un feuillage oublié revienne aux mains des arbres, tout l'espace s’emplume, s’envole de ses jeunes ailes, d’un nid de bois mort qui ne servira plus. Voici l’herbe debout l’herbe dardée d’un astre qui s’enflamme et lève avec puissance. Vert firmament, azur gazonnant, semé de mille étoiles blanches et menues, au cœur jaune et palpitant tourné vers d’autres saisons. Le tombeau est vide et vaste. De la pierre levée la semence s'échappe. Les vents, les vents en portent l’annonce, les vents aux longs cheveux des femmes, qu’on ne veut toujours pas entendre !
La pluie a fleuri le cerisier, ses longs bras élancés, maigres encore, et noirs, tout ruisselants d’une flamme sinueuse qui fait fondre la neige d’une peau qui passe. Tout se meurt à vouloir renaître. Tant de lumière éclose, non, ce n’est pas un rêve, mais une brillance nouvelle, une effervescence, la terre qui s'élève d’un épi, le ciel immense pour la recevoir. Comme le bouton qui éclate au chant du merle, tout gluant de sa semence, l’air ouvert jusqu’en son bleu le plus profond, la terre étire ses horizons et s'agrandit en dedans, pour faire place à toutes les feuilles qui attendent. Elles poussent aux portes du jour, écartant les rêves trop étroits, les langes aux ailes repliées, la chaleur trompeuse d’une nuit trop longue, qui s’évapore dans l’œil grand ouvert d’un ciel venteux.Philippe Mac Leod
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