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La voiture à air comprimé
« le: 12 Juillet 2009 à 16:11:34 »





Source  : Christophe GUYON Rédacteur en chef de "L'Etre au monde" 2008



Présente au dernier salon de l’auto de Genève, la voiture à air comprimé est désormais prise très au sérieux. Ce qui n’était au départ qu’un concept séduisant,devient une technologie adaptée à différents usages, que ce soit pour des voitures particulières en Inde ou pour des utilitaires spécifiques à Air France. On pourrait bientôt la voir dans nos rues.

Ce principe de propulsion qui consiste à utiliser de l’air sous pression pour actionner les pistons d’un moteur n’est pas tout à fait nouveau, mais il a été rendu crédible grâce à des améliorations techniques récentes. L’air en soi n’est pas une énergie mais un moyen de stocker de l’énergie. Avec un compresseur on accumule de l’air sous pression dans un réservoir, comme une bouteille de plongée, puis cette énergie – la pression – est libérée progressivement pour faire tourner un moteur. Le rendement n’est certes pas très bon (40%) mais supérieur à celui d’un moteur à explosion (30%). On pourra reprocher à ce système de ne pas utiliser d’énergie nouvelle, car le compresseur, électrique, utilise donc du courant issu à 75% du nucléaire, tout au moins en France. Tout d’abord cette électricité peut être verte, fournie par une éolienne ou des capteurs solaires, ensuite du fait du meilleur rendement et de la légèreté des moteurs, les véhicules à air comprimé consomment moins d’énergie au km que tout autre véhicule. Enfin et surtout, comme il n’y a pas de combustion, pas de rejet de CO2, et ça, c’est toujours bon à prendre.

Une des rares entreprises dans le monde à développer cette technologie est française et s’appelle MDI, créée par Guy Nègre. Cet ingénieur motoriste a fait ses armes sur des moteurs d’avions avant de mettre au point un moteur de formule 1 aux performances exceptionnelles. C’est d’ailleurs la F1 qui lui donnera l’idée de l’air comprimé. Les voitures de course démarrent – et démarrent seulement – au moyen d’une turbine à air comprimé. Alors pourquoi ne pas utiliser cette énergie pour la voiture de Monsieur tout le monde, surtout en ville, où la pollution est la pus forte ?

Une technique au point
Ainsi fut créé - en déposant une vingtaine de brevets - le moteur à air comprimé. Monté sur une voiture, il est alimenté par deux réservoirs en fibre de carbone qui contiennent 300 litres d’air stockés sous haute pression (300 bars). Le véhicule offre une autonomie de 240 km à 60 km/h et peut monter jusqu’à 150 km/h selon les modèles. L’approvisionnement en air comprimé peut se faire en 6 heures via le compresseur électrique à bord du véhicule, à brancher sur 220 volts. Ou en trois minutes dans une station dédiée dont le compresseur peut être alimenté par des cellules photovoltaïques.

Pour palier les problèmes d’autonomie et faire un véhicule routier, l’entreprise MDI a créé un moteur fonctionnant avec une 2ème source d‘énergie, gaz, essence, alcools ou huiles : ce sont les moteurs bi énergie. L’idée est toute simple mais il fallait y penser : tout corps se dilate quand on le chauffe. Le motoriste donc a installé une chambre de réchauffement de l’air avant de l’injecter dans le moteur, augmentant ainsi sa pression et donc l’autonomie du véhicule. A ce moment-là, vous consommez 2 litres de carburant aux 100 km et vous disposez d’une autonomie sur route de 1 500 km.
Le réel avantage par rapport à la voiture électrique est son coût. La technologie est simple, la voiture légère et surtout il n’y a pas de batterie pour plomber le prix de la voiture. Autre aspect plus pratique, dans un univers où l’air comprimé sera réellement développé, vous rechargerez votre réservoir en 2 ou 3 minutes dans une station à air comprimé contre 8 heures pour une batterie électrique.

Faire des voitures
Guy Nègre a du se transformer en constructeur auto. Au début, il pensait pouvoir développer un moteur à air comprimé pour ensuite le vendre aux grands constructeurs automobiles. Mais l'adaptation du moteur nécessitait de modifier les châssis des voitures, impliquant une adaptation des chaînes de montage. Le projet a donc été rejeté par les grands constructeurs automobiles (qui ne se sont pas montrés très imaginatifs !). Du coup l’inventeur a changé son fusil d’épaule pour faire lui-même ses voitures.

Fidèle à ses convictions écologiques, il repense tout le système de production : fini les énormes usines hyper centralisées (particulièrement polluantes) : la voiture à air comprimé sera construite dans des petites unités réparties sur le territoire. Ces micro-usines de production seront associées à un concessionnaire qui vendra les voitures produites sur place. Plus de problème de stockage, ni de transport des véhicules avant livraison, c’est une vraie relocalisation de la production.

La gamme
MDI, a prévu de développer toute une gamme de voitures à air comprimé : une voiture urbaine destinée à des solutions comme Autolib c’est l’AIRPod qui se conduit sans permis, mais une version routière allant jusqu’à 80 km est à l’étude et se conduirait, elle, avec permis. La OneFlowAIR très simple et peu coûteuse (voir encadré) offre trois et cinq places, et ressemble à une Méhari ; enfin la CityFlowAIR dispose de six places avec un coffre à bagages. La voiture urbaine se contentera de rouler jusqu’à la vitesse autorisée en ville, c’est-à-dire 50 km/h ; et les autres vont rouler jusqu’à 150 km/h. Les prix vont de 3 500 € pour le petit modèle de OneFlowAIR jusqu’à 13 000 € pour la CityFlowAIR.


Aujourd’hui
Dans un premier temps le prototype, était jugé "peu sérieux" par les constructeurs français, jusqu’à ce que de «gros» industriels s’y intéressent, comme l’indien Tata Motors. Début 2007, le géant de l’automobile n’a pas hésité à investir dans ce projet, signant un contrat d’utilisation de licence. Aujourd’hui MDI et Tata collaborent pour développer une voiture indienne équipée d’un moteur à air comprimé. Elle sera développée sur les lignes de montage indiennes et réservée au marché intérieur.
D’autres partenariats ont suivi comme Air France ou Autolib’ (voir encadrés) rendant à chaque fois un peu plus concrète l’utilisation de ce nouveau type de véhicules.

L’homologation tant attendue de la première voiture – l’AIRPod – doit arriver début juin et la ligne de production entrera en service à la fin 2009. Ensuite c’est la OneFlowAIR qui sera homologuée début 2010 pour une mise en production dans les mois qui suivent.

C’est une bonne nouvelle pour les 20 000 particuliers qui ont déjà pris une option d’achat sur le site Internet du constructeur (voir plus bas). Il faudra ensuite les traiter dans l’ordre d’arrivée pour les transformer en bon de commande. C’est alors un nouveau challenge à la fois commercial et industriel qui attend les équipes de MDI.





à suivre, en souhaitant qu'elle soit réellement commercialisée...

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