Culte du Gui
Le Gui (Viscum album L.) fait partie des plantes les plus empreintes de mythes et de légendes de nos contrées.
Nos ancêtres les Gaulois vouaient un culte tout particulier à cette plante, culte païen pratiqué par des druides acrobates portant la longue barbe blanche et une serpette d’or que l’histoire ou la bd ne cessent de nous rappeler.
Le culte du Gui se veut par bien des aspects remarquable et empreint de nombreux symboles. Le premier à en faire une description fut Pline l’Ancien : au sixième jour du solstice d’hiver correspondant au nouvel an Gaulois, les druides devaient en récolter ses miraculeuses touffes selon un rite bien précis. Le druide devait tout d’abord sacrifier deux taureaux blancs au pied du chêne portant le Gui. Puis, tout de blanc vêtu, il montait dans l’arbre couper le Gui avec la fameuse serpette d’or. Le Gui devait alors tomber dans un drap blanc tendu au dessus du sol par des assistants druides et ne devait en aucun cas toucher le sol. Le Gui était ensuite distribué aux convives par les druides.
On remarque que ce rite est ultra codifié : tout d’abord le Gui doit être récolté sur un chêne, et ce non à cause de la rareté du Gui sur les chênes (les chênes sont plutôt réfractaires au Gui), mais en raison du caractère sacré de cet arbre pour les anciens. De plus le fait que le Gui soit en feuilles pendant l’hiver sur des chênes dénudés, devait donner un caractère remarquable à cette association (il s’agit en fait d’un parasitisme).
La couleur blanche est en rapport avec la lune, comme l’est également la serpette d’or rappelant un croissant de lune. Chez les Gaulois, les calendriers étaient lunaires et la récolte du Gui, au moment de sa fructification, devait célébrer la renaissance de l’astre lunaire maternel. Les fruits du Gui sphériques et blancs célèbrent eux aussi le culte de l’astre lunaire (caractère remarquable pour les anciens, le Gui étant le seul à produire des fruits blancs).
Le Gui ne devait jamais toucher la terre : nous sommes ici dans le règne de l’aérien, du cosmique. S’il venait à la toucher un jour, « la force de l’astre qui le parraine serait bue par la terre avide et disparaîtrait à l’instant pour un devenir d’herbes et de sources » (P. Lieutaghi).
Le Gui ainsi récolté et distribué servait de plante médicinale contre l’épilepsie ; c’est un antispasmodique, il est aussi anticancéreux (Ph. Kraft 1942 entre autres), et un excellent hypotenseur. Les bergers accrochaient ses rameaux aux portes des étables pour apporter la fertilité au troupeaux (image des taureaux blancs sacrifiés).
D’innombrables emplois du Gui, tant au niveau médicinal, socioculturel, religieux (contre les démons des chrétiens), ou utilitariste (fruits et écorce servant à fabriquer la glu piégeant les petits passereaux) ont perduré jusqu’à nos jours, conférant au Gui une sorte d’aura liée aux cultes cosmiques ancestraux, et que nul ne saurait accorder à aucune autre plante.
Source : Encyclopédie du savoir relatif et absolu.