Cultivons l’enthousiasme !
« La vérité se creuse comme un puits » écrivit Antoine de Saint-Exupéry dans la citadelle. Cet être d’une rare humanité, et tellement sensible, appréciait la ferveur par-dessus tout. Pourquoi ? Parce que la ferveur nous enflamme, à l’inverse de la perfection qui nous enferme.
Ferveur ? Oui. Ce mot trop longtemps rangé sur les étagères poussiéreuses des rituels religieux, ce mot méprisé, ce mot oublié revient en force aujourd’hui, car la ferveur est à la fois jubilation et exaltations, passion et extase, béatitude et débordement. La ferveur déloge les pâles petits bonheurs vite perdus, vendus répétitivement par le consumérisme morose, de plus en plus en panne.
Il est vrai que nous n’aimons pas être débordés… ou, peut-être que si, au fond. Cela dépend des circonstances, car nos débordements nous aident aussi à nous dépasser, à réussir, charmer, aimer, concevoir, inventer… Nous aurions tort de ne pas nous laisser déborder par la force de vie qui réside en nous !
Dans le langage actuel, enthousiasme est un équivalent de ferveur. A l’origine, il y a un sens très proche, Il signifie « en dieu » ou « se laisser porter par le divin ». C’est beau, vous ne trouvez pas ? Et, franchement, peu importe ce que signifie « dieu » ou « divin », pour vous, pour moi, pour d’autre, que ce soient la source, le cosmos, la vie , l’amour, ect... L’essentiel n’est-il pas d’accepter de nous laisser transformer par ces mystères profonds qui nous rendent plus vivant ? Oui plus dans la vie !
J’aime ses paroles pleines, colorées, ardentes, pétillantes, remplies de promesses, ces paroles libres qui nous apportent de magnifiques énergies, ces paroles espiègles qui nous surprennent, nous éveillent, nous grandissent, car l’enthousiasme et la ferveur vont très bien avec la spontanéité de l’enfant, ou des grands enfants que nous somme encore, avec cette somptueuse naïveté qui nous permet de faire confiance et de nous émerveiller.
Nos émotions résonnent en nous. Elles peuvent prendre de la place et s’installer, puis faire complètement partie de nous. Elles se transforment en sentiment profonds… Si je laisse la jubilation résonner en moi et se répandre, elle peut trouver sa demeure dans mon cœur et s’y répandre sous la forme d’une joie chaude et durable. Si je donne toutes ses chances à la ferveur, je lui permets de se muer en enthousiasme, un enthousiasme qui m’habite au quotidien.
Si je préfère contempler ce qui m’éblouit, me touche ou m’anime, je génère un émerveillement constant, qu’aucune contrariété ne viendra perturber très longtemps. Oui, ne l’oublions pas, une émotion que nous cultivons devient un sentiment. Quelles sont vos émotions préférées ? Choisissez-les avec soin avant de les inscrire dans votre corps et votre existence, avant de les propager autour de vous, car les émotions sont également contagieuses. Elle touchent les autres, les troublent et les mobilisent aussi.
Amies et amis humains, cultivons l’enthousiasme, voulez-vous ? Cultivons cette ferveur infinie qui réside en nous, pour créer ensemble cette farandole de la vie qui va, qui inspire, qui transporte. Cultivons la naïveté qui rend possible l’émerveillement à l’infini. Cultivons ce qui nous fait du bien, pas seulement pour chacune et chacun de nous, mais encore plus pour nous tous, ensemble. Cultivons la gaieté et la félicité commune grâce à la convivialité.
Je rêve ? Oui , je rêve, puisque nos rêves sont la source pure de nos plus belles réalisations…
Et si nous rêvons, ensemble, un meilleur rêve pour nos existences, pour nos proches, pour nos enfants, nous façonneront de toute pièce un monde où il fera vraiment bon vivre. C’est réellement possible. Alors, n’attendons plus, quittons nos petites peurs étriquées, nos mesquineries dépassées, nos jugement sans intérêt : dansons, voulez-vous, dansons tous ensemble, dès maintenant, cette farandole de la joie et de l’enthousiasme partagés !
Chronique de Saverio Tomasella : Docteur en psychologie, psychanalyste et chercheur.